Communion des âmes
L’hiver souffle au dehors son haleine glaçante
Mais mon cœur est si chaud sous tes mains refermées…
Des lettres, des photos sur le sol essaimées
Sont l’armure qui vainc la peine lancinante.
A tes lettres d’amour, dans la boîte de fer
Je puise le secret de ma force présente
Elles furent violence au début de l’enfer
J’y trouve maintenant une douceur constante.
Tes mots chantent pour moi la romance éternelle
D’un amour qui ne veut succomber au grand froid
De la mort, survenue impavide et cruelle
Mais qui n’a su briser nos promesses, tu vois !
Belles lettres d’amour, adorables serments
Quel trésor à mes yeux, quelle douce complainte
Où se berce mon cœur quand l’angoisse le prend
Enfances
Enfances foudroyées par l’horreur de la guerre
Dans le crime et le sang répandu sur la Terre
Enfances arrachées au doux sein maternel
Pour connaître l’enfer en un gouffre éternel
Enfances, fronts souillés par une main immonde
Jetées sur le trottoir, exploitées dans le monde
Ployant sous tous les faix du travail imposé
Agonisant, crevant au revers d’un fossé
Enfances humiliées sur les bancs de l’école
Quand la persécution jour à jour les immole
Jusqu’à ce que, lassées de l’incompréhension
Elles trouvent la mort au-delà d’un balcon
Enfances, long chemin de doute et de misère
Quand de la désunion du père et de la mère
Naissent le désespoir, les interrogations
Le coeur écartelé entre leurs déraisons
Enfances torturées par l’horrible souffrance
De longues maladies sans aucune espérance
Et qui ne voient jamais du fond de l’hôpital
Qu’un ciel enténébré par les griffes du mal !
Enfances, goût de miel, abreuvées d’innocence
Vous existez pourtant, dans un nid de confiance :
L’amour vous rend si fort en vous donnant la main,
Que vous pourrez aider les enfants de demain…
L’hiver venu
L’hiver venu …
De son membre vainqueur il célébrait l’audace
Et, fier comme Artaban, proclamait sa vigueur
Mais l’hiver est venu qui gèle toute fleur
Et le voici vaincu par l’âge qui le glace !
De l’appendice triomphant qui faisait sa force et sa gloire
Il ne reste plus, ô mémoire , que des souvenirs lancinants
Qui génèrent des idées noires qu’il faudrait celer dans l’armoire
Entre les beaux draps de lin blanc témoins de tant et tant d’histoires !
Et la sagesse voudrait que, dans le suaire de l’oubli
Il ensevelisse à jamais les exploits de ces belles guerres
Qui, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, lui firent chavirer naguère
Tant de sublimes caravelles naviguant au creux de son lit !
Cigarette ( Acrostiche )
Cigarette (Acrostiche)
C haque jour je t’allume, ardente cassolette
I ncendie ténébreux rôtissant mes poumons
G énéreux encensoir d’où monte l’indiscrète
A uréole bleutée, à l’assaut de mon front.
R ien ne peut égaler cette passion brûlante
E t rien ne peut calmer autant mes émotions
T aire les obsessions d’une vie trépidante
T out s’efface et s’éloigne, hors la palpitation
E nivrante du feu au bout des cigarettes…
N’ayant jamais fumé de ma vie, je ne me fais pas le porte-parole des fumeurs, mais compatis à leur dépendance !
Il y avait
Il y avait ce bouquet de fleurs pourpres
aux pointes de mes seins
Il y avait ce ruisseau aux parfums d’algues
où tu aimais couler
Il y avait le collier de mes bras autour de ton cou
Et ce long cri de bête transpercée
qui agonisait lentement en tendres soubresauts …
Courage
Courage
Pyramides
Veulent-elles par bravade
pousser les portes du ciel ?
Les siècles qui s’amoncellent
N’entament pas leur beauté
Qui se proclame immortelle
Aux pharaons dédiée…
Mais peu importe le faste
De ces tombeaux érigés
Car ici c’est la piétaille
Que nos cœurs vont admirer
Pieds et mains, crânes broyés
Tous ces ouvriers du sable
Au pharaon sacrifiés
L’aurore glace de rose
Leurs fantômes oubliés
Leur sang coule sur les pierres
Aux supplices du couchant
Au pied de la pyramide
Leurs squelettes vont rêvant
Le con
Le con
A vous traiter de con, Monsieur, je ne m’avance…
Vous m’avez ébloui de votre suffisance
Sachant parler de tout, en scandant vos propos,
Portant la vérité comme on porte un drapeau,
Foulant sans hésiter l’opinion des couillons,
Au pied de vos idées et de vos convictions.
Il monte en moi, Monsieur, l’énorme envie de rire
Qui, si je l’exprimais, déchaînerait votre ire !
Juste un pétillement au fond de ma prunelle
Pourrait vous intriguer, vous mettre sur la voie,
Mais vous lancez déjà une autre ritournelle
Et pour m’impressionner, vous donnez de la voix !
A quoi bon espérer troubler vos certitudes
Je vous laisse planer : à si haute altitude
On ne peut voir que l’aigle, et nous sommes moutons
A vos yeux orgueilleux, pleins de satisfaction !
Plus impatient que moi vous fera la leçon
N’hésitant pas, Monsieur, à vous traiter de CON
PS : Que de cons aux balcons applaudissent le soir
Qui vont le lendemain sournoisement s’ébattre
Tandis que nos soignants ne cessent de se battre
Pour tous ces cons finis qui flinguent nos espoirs.
Douce vache
De son mufle rosé qui va, bavant dans l’herbe