De son mufle rosé qui va, bavant dans l’herbe
Tombent de longs filets ténus et scintillants
Qui sur le bord du pré où se couchent des gerbes
Laissent un beau feston de perles et diamants.
La vache en majesté qui relève la tête
De soleil couronnée , la queue fouettant les flancs
Titillée par les taons ou par quelque autre bête
Dédaigne de se plaindre , avançant lentement
La vache vénérée, trésor du paysan
Broute ainsi tout le jour, en ruminant , altière
Et le soir vient la voir dormir paisiblement
Rêvant de prés bien gras au chaud de salitière .
O vaches de nos champs, belles vaches laitières
Notre enfance est pendue à vos cornes jolies
Le lait bourru coulait des trayons de vos pis
Et nous le dégustions assis sur nos derrières
Dans l’étable au parfum d’urine et d’excréments
Nos petits nez humaient le fumier, dont la terre
Ouverte en beaux sillons par le vaillant araire
Se gorgerait demain dès le soleil levant !